Énergie : le rapport de l’Ademe battu en brèche par l’Académie des technologies


le Mercredi 6 Février 2019 à 14:53

Arrêter rapidement les centrales nucléaires rapidement pour les remplacer massivement par des installations solaires et éoliennes, comme le préconise un récent rapport de l’Ademe, est-elle la solution pour produire une électricité plus respectueuse de l’environnement, à laquelle chacun aspire ? Pas vraiment, selon l’Académie des technologies qui estime que les conclusions de ce rapport ne peuvent pas servir dans l’état à la prise des décisions de politique publique. Et puisqu'il s'agit d’électricité, un éclairage s’impose.


L'Académie des technologies qui s’inscrit pleinement dans une politique de développement des énergies renouvelable, appelle à la plus grande prudence (photo Adobe Stock)
L'Académie des technologies qui s’inscrit pleinement dans une politique de développement des énergies renouvelable, appelle à la plus grande prudence (photo Adobe Stock)
L’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (ADEME) serait-elle devenue radicale en matière de transition énergétique ? La synthèse de son évaluation du Mix électrique à l’horizon 2060, publié en décembre 2018, semble poser question. Notamment pour « l’Académie des technologies  », Établissement public administratif qui regroupe des ingénieurs, industriels, chercheurs, agronomes, architectes, médecins, sociologues, économistes, avec une forte représentativité des directeurs de recherche du privé et dont l’une des missions est « d’éclairer la société sur un meilleur usage des technologies ».Sans contester le rapport de l’Ademe, cette association qui s’inscrit pleinement dans une politique de développement des énergies renouvelable, appelle à la plus grande prudence. 
 
En 2017, l’énergie nucléaire comptait pour 71,6% de la production électrique en France métropolitaine, très loin devant l’hydroélectricité (10,1%), le gaz (7,7%), l’éolien (4,5%) ou encore le solaire photovoltaïque (1,7%). « La nouvelle programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE), présentée le 27 novembre par Emmanuel Macron et François de Rugy, prévoit entre autres de ramener à 50% la part du nucléaire dans ce mix à l’horizon 2035 en fermant 14 réacteurs nucléaires d’ici là », rappelle le site connaissancedesenergies.org
 
Dans son étude publiée le 10 décembre, l’Ademe présente 7 trajectoires d’évolution du mix électrique français entre 2020 et 2060 censées refléter les différentes « incertitudes liées à cet horizon lointain »  et notamment des niveau de la consommation, coût des technologies, acceptabilité plus ou moins forte des énergies renouvelables, … Sur cette base, l’Agence considère que « l’optimisation économique de l’évolution du système électrique français conduit à une part d’Energies Renouvelables de 85% en moyenne en 2050, et de plus de 95% en 2060 ».
 
L’Académie des technologies pointe du doigts les erreurs de méthodes et les contractions de ce rapport. « L’Ademe, organisme public placé sous la tutelle ministérielle, oublie la priorité énoncée par le gouvernement qui vise à annuler les émissions de C02, dans le respect de l’intérêt général », déclare l’association. « Certains aspects de ce rapport sont discutables et peuvent lourdement porter préjudice à l’avenir de la France ».  
 
« La conclusion devrait-être de ne pas conclure » 

 Selon l’association, cette étude est « une réponse à ses adversaires », qui se concentre uniquement sur le secteur électrique en faisant l’impasse sur le nombre d’interactions avec les autres secteurs énergétiques. Elle regrette notamment que le coûts induits du gaz de ce « Mix électrique », ne soient pas pris en compte.
 
Mais, ce que l’Académie pointe du doigt c’est la quasi-stagnation de la demande d’électricité jusqu’en 2060. « A cet horizon, malgré son hypothèse peu réaliste, l’étude montre que l’approvisionnement du pays imposerait des importations significatives d’électricité, dont l’origine reste très aléatoire », précise l’association. « En outre, contrairement aux objectifs gouvernementaux, elle n’assure pas la décarbonation complète du système de production d’électricité ».
 
A cette observation s’ajoute la hausse significative des facteurs de charge de l’éolien terrestre, « très discutable », selon l’Académie, en négligeant les facteurs de charge des énergies intermittentes. « L’Ademe surestime la baisse probable des coûts d’investissement dans les énergies renouvelables, notamment celles qui sont matures comme l’éolien ».
 
L’Ademe qui semble privilégier les énergies intermittentes propose un système électrique qui, en l’état actuel des technologies, ne garantit pas le synchronisme des technologies. « C’est la clef de la stabilité du réseau », appuie l’Académie, considérant que l’ajustement aux variations rapides et fréquentes du réseau ne pourra pas être assuré. Il semble donc impossible de privilégier une projection par une autre et donc « la conclusion devrait-être de ne pas conclure », soutient l’Académie des technologies.
 
Pour les membres de cette dernière, la transition énergétique, porteuse de changements majeurs pour les futures générations, va couter plusieurs milliards d’Euros. « Elle doit donc se baser sur des hypothèses techniques et économiques fiables qui prennent en compte le système énergétique dans sa globalité, sans conduire à une augmentation irraisonnée des dépenses des français ». Et a l’heure où le coût de l’énergie compte pour beaucoup dans les dépenses des ménages il est opportun de ne pas s’engager dans des solutions aléatoires qui présentent un risque avéré pour l’avenir du territoire. Reste à savoir qui de l'Ademe ou de l'Académie des technologies à raison, l'avenir nous le dira.





              

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